jeudi 2 avril 2015

Les vases communicants avril 2015 (42) : Sébastien de Cornaud-Marcheteau

Dans le cadre des vases communicants d’avril 2015

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois d’avril 2015 est ici.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir 

Sébastien de Cornuaud-Marcheteau 

dont les mots sont habituellement ici.

Exceptionnellement, ses mots et une de ses photos se trouvent là, juste en-dessous.

A Matisse,


C’est comme si soudain, c’était l’été.
Le soleil au zénith, la chaleur accablante se serait violemment affaissée dans le camping. Une torpeur de sable et de brindilles séchées. Une chaleur de garrigue, un jour sans vent. Il ferait trop chaud, alors on aurait posé le ballon et abandonné toute prétention à taper dedans, à le pousser dans les cages, à jouer des pieds et des coudes. On aurait proclamé le mitan des heures, réclamer la fin de toute prolongation, on aurait dit pouce ! Pause ! On boit !
Souffles coupés, pouces levés, regards torves de chiens de faïence dans l’attente d’une trêve réciproque ; puis, l’ayant trouvée, on aurait couru, de toutes nos forces, vers les sanitaires où résonnaient déjà les claquements des boutons poussoirs. Le filet d’eau fraîche sur les lèvres sèches, sur le visage, dans les cheveux. Filet qui deviendrait vite éclaboussures, éclats de voix, cascades de rires sonores sous les remontrances du gardien de ces lieux qui, du haut de son accent anglais, s’écrirait : « Please ! On ne joue pas dans le toilet block ! »
Mais nos ombres, à présent fraîches et vives comme des libellules, auraient déjà déserté les lieux pour rejoindre d’autres ombres, celles des thuyas, des chênes lièges et des potences de jeux.
C’est à cet endroit, précisément, que le monde entier se balancerait, quand il n’y aurait plus rien à faire, que la chaleur serait trop vive et la fatigue trop intense. La paix reviendrait, peu à peu, comme l’horizon, oscillant entre terre et ciel, par ajustements successifs, en pliant les genoux pour aller plus haut. On parlerait à voix basse, tête en arrière. On aurait l’impression, dans ce lent balancement, de percevoir les mille et un détails qui nous connectent au monde : le chatouillis des cheveux sur les paupières, le crissement du sable sous les tongues, le grincement lugubre des mousquetons au bout des cordes et, au loin, les cigales qui y répondent.
On resterait là, ensemble à se balancer, les uns après les autres. A attendre que le soleil s’incline, que la digestion lente se dissipe et qu’enfin, toutes les conditions étant réunies, on nous amène à la mer…


Grand merci à Sébastien

Si vous voulez lire mes mots, déposés à partir de la même photo, c’est ici.


Un petit coucou à Brigitte Célérier
Et un grand merci à Angèle Casanova d’avoir repris le flambeau et dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et nous gâter par ses enregistrements.


Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 


Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants