dimanche 26 juillet 2015

Lundi, c'est déclencheurs, édition 2015 - 02 - Un lieu et un genre


Sur une idée de Lionel Davoust,
TECHNIQUE D'ÉCRITURE

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 

Un lieu et un genre





C’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix.
Cette semaine, nous allons prendre le protagoniste apprivoisé la semaine dernière et nous allons le mettre en situation.



Un petit rappel, je suis Madeg.

Je suis breton et le revendique.
Dans une de mes nombreuses vies, j’ai été sniper et cible à la fois.

Je m’en suis réchappé et essaie maintenant de mener une vie un peu plus calme.

Visiter la nef d’une cathédrale ou la cour d’une forteresse, pas trop ma tasse de thé. Je n’ai rien du touriste qui va de monument en monument à la recherche de son passé.

Le pont d’envol de la Jeanne, que de souvenirs, que de frayeurs aussi.
Là-bas, j’ai fréquenté quelque fois la salle à manger du Capitaine.
C’était avant que je ne devienne ce mercenaire de la mort.
Lors des escales, jamais je n’allais me prélasser sur la plage.
Je préférai rester dans ma cabine et lire, écrire, rêver.
J’étais l’observateur du théâtre de la vie.

Que de souvenirs joyeux de mon enfance dans le living-room ou plutôt comme on le disait, à cette époque, dans la grande salle à manger de la maison de mes grands-parents maternels. La salle à manger, la cuisine, le tout en un avec la cuisinière à charbon au coin de laquelle cuisait toujours un grand faitout de soupe aux légumes ou dans le four cuisait une délicieuse tarte aux pommes ou aux abricots, suivant la saison.

J’ai fréquenté plus de salles de tir pour m’entraîner à sauver ma peau que de salles de bal et de taverne qui n’ont pas mes faveurs ou l’école, sauf la cour où je jouais au petit chef.

Depuis que j’ai réchappé à la mort et ai décidé de ne plus la donner, assidûment je fréquente le seul endroit où je peux me dépasser et où mon seul ennemi est le chronomètre.

Quand je pousse la porte de la box d’Anthony et que je pénètre dans ce lieu si semblable à ceux que je pourrais retrouver aux quatre coins du monde, je deviens un autre, je côtoie des aussi fêlés que moi.
La première fois que je suis venu, d’un seul coup d’œil, j’ai vu que tout y était : les tapis de gymnastique, les barres pour les tractions, les cordes à sauter, les haltères, les bancs de musculation, les rameurs. Tout y est, pareillement que dans les autres salles que j’ai fréquentées.

Je pousse, je tire, je lance, je soulève. D’après leur publicité, j’ai dix bonnes raisons d’y venir chaque jour ou même parfois deux fois par jour quand je n’y reste pas la journée entière.

Faire plusieurs fois le même mouvement dans un temps minimal, temps que je m’emploie à réduire au fil des séances. Me battre contre moi-même en plus de ce nouvel ennemi juré, le chronomètre, que demandez de plus à la vie pour oublier l’avant.

Je ne suis plus seul contre les autres. Tout le monde est logé à la même enseigne.
Je m’échauffe avec le groupe qui n’est plus ce commando de mon ancienne vie ; tout d’un coup, ce n'est plus chacun pour soi mais tous tournés vers le même but, le dépassement de soi. Tout le monde est là pour se dépasser dans un esprit de compétition bon enfant

La ponctualité est de rigueur ; sinon des burpees - exercice qui consiste à faire une pompe et enchaîner avec un saut - sont infligés par tournée de dix à chaque minute de retard. J’arrive bien en avance mais j’accompagne les retardataires dans leurs efforts, la solidarité comme avant.

Il y a eu la rencontre avec Tabata. Ne croyez pas que c’est une belle blonde ou rousse. Non, c’est une pratique dans cette salle. Le principe: 20 secondes d'un exercice donné, dix secondes de repos, le tout pendant quatre minutes et le tout répété pendant une demi-heure. Au début, aïe aïe mais maintenant, une véritable addiction.

Je suis devenu un fanatique du WOD (Workout of the Day – entraînement du jour). Je le découvrais à chacun de mes passages avec plaisir et envie de me dépasser dans cette salle de CrossFit®.

Je m’éclate avec ce mélange d'athlétisme, d'haltérophilie et de gymnastique.

Je suis devenu un autre, je suis le nouveau Madeg, toujours aussi breton et aimant de plus en plus la vie et dépasser mes propres limites.



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