samedi 1 août 2015

Lundi, c'est déclencheurs, édition 2015 - 03 - un enjeu

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (3) : un enjeu



Sur une idée de Lionel Davoust,
Cette semaine, nous allons introduire de la tension narrative avec un enjeu.




Je suis toujours là, je suis Madeg.
Je suis toujours en vie, je revis et je ne veux pas quitter la vie.
J’ai tant de fois frôlé la mort que je me refuse à croire qu’elle rôde trop près de moi. Rien ne peut plus m’atteindre, ni la blessure grave, ni le déshonneur.
Je ne veux plus rien abandonner. J’ai laissé tant de moi à chaque fois que je devais tirer. Mais c’était moi ou lui ou eux. D’accord, j’étais payé pour mais pas toujours. Je n’ai jamais été un mercenaire. Je me suis toujours préoccupé des autres. Toujours pris soin de ne pas atteindre un tiers. Pas de dommages collatéraux. Mais à la guerre comme à la guerre.
J’ai tant de fois vu la mort en face. Elle n’était pas la grande faucheuse. C’était elle ou moi. C’était plus souvent lui ou moi. Mais combien de vies n’ai-je pas sauvé en donnant la mort à un seul. Je me souviens de la première fois. C’était mon examen de passage, mon entrée dans la grande famille des snipers. Je devais me faire accepter, je devais gagner ma place. Je voulais être le Don Quichotte de ces gens que la guerre chassait de chez eux. Je voulais qu’ils reviennent sur leurs terres. Je voulais que les enfants n’aient plus peur. Je voulais revoir leurs sourires. Un ballon rouge dans le ciel, un rire d’enfant. Ne plus entendre les tirs.

Je suis encore vivant, je suis Madeg.
Je ne parlerais plus jamais de ma vie d'avant, plus d’informations sur mon ancienne vie.

Je veux gagner le pari avec moi-même : redevenir le Madeg qui aimait tant la nature.
Je veux redevenir celui que j’étais avant d’avoir vécu toutes ces horreurs.
Même sans moi, elles auraient eu lieu. Je voulais les empêcher à ma manière.
Ils ne m’ont pas eu. , j’ai sauvé ma peau mais mes nuits ne seront plus jamais les mêmes. Toujours les mêmes cauchemars, toujours ces cris qui percent ma nuit.

Je veux gagner mon pari de redevenir le Madeg d’avant.
Redevenir celui qui ne sursaute plus quand une porte claque.
E=tenter d’accrocher à nouveau un sourire à mes lèvres en voyant l’enfant qui rit en courant après le pigeon, qui crie que cela va trop vite dans la pente quand son vélo bleu l’emporte vers la vie. Je ne veux plus que l’image de l’enfant blotti dans les décombres surgisse à chaque instant. Je en veux plus entendre le cri d’horreur de l’enfant quand il découvre sa mère… non je ne veux plus.

Je veux défier la mort pour redonner la place à la vie.

Je suis Madeg, celui qui est bon et qui n’aura plus jamais peur.
Je veux enfin pouvoir rire ou au moins sourire à la vie.



Aucun commentaire: